Absents en 2020, les UX Days marquent leur grand retour en 2021. Cette année, crise sani­taire oblige, les UX Days ont été repen­sés par Flupa pour offrir une expé­rience 100% en ligne. Ce fut donc l’oc­ca­sion pour nous d’en apprendre un peu plus sur les nouveau­tés du domaine.

L’Odys­sée du mana­ge­ment à distance

Confé­rence du 8 juin par Audrey Hacq (Product Design Direc­tor chez OpenC­lass­rooms)

Comment prendre sa place de Product Design Direc­tor au sein d’une nouvelle équipe tout en étant à distance ? C’est la problé­ma­tique à laquelle Audrey Hacq, fraî­che­ment arri­vée chez OpenC­lass­room, a dû faire face en mars 2020 suite à la crise sani­taire.

Prendre un nouveau poste dans une nouvelle entre­prise tout en étant à distance est un défi. Devoir mana­ger une toute une équipe qu’on ne connait pas est un véri­table chal­lenge ! Audrey a établit plusieurs étapes qui lui ont permis d’in­té­grer au mieux la culture d’en­tre­prise et de faire sa place dans cette nouvelle aven­ture :

Première étape : l’ob­ser­va­tion

L’ob­ser­va­tion est la clé pour bien appré­hen­der son nouvel envi­ron­ne­ment de travail. À distance cela est beau­coup moins évident, les moyens de commu­ni­ca­tion ne sont pas les même et néces­sitent une tout autre orga­ni­sa­tion. L’objec­tif de la première semaine : comprendre à la fois leur produit, leur proces­sus de travail et les équipes.

Comprendre le produit et le process :

Dans un premier temps, pour comprendre comment la plate­forme s’ar­ti­cule Audrey s’est plongé dans la lecture d’énor­mé­ment de contenu d’où l**’impor­tance de garder une docu­men­ta­tion claire et à jour** : docu­ments et vidéo expli­ca­tives, utili­sa­tion de Notion pour le process et Confluence pour les projets en design et déve­lop­pe­ment.

Comprendre les équipes :

Open­class­room est compo­sée d’une équipe pluri­dis­ci­pli­naire. Pour faire la connais­sance de chaque personne tout en étant à distance diffé­rents habi­tudes ont été mis en place dont l’uti­li­sa­tion de RandomCof­fee. Un bon moyen pour créer du lien à distance. Une autre démarche inté­res­sante a été la mise en place d’in­ter­view composé de 5 ques­tions. Dans une démarche iden­tique à celle que l’on peut propo­ser lors d’un atelier UX, ces inter­views desti­nées à chaque membre ont pu permettre de mieux connaître le travail et les envie de chacun au sein de l’en­tre­prise.

Deuxième étape : le plan d’ac­tion

Après la phase d’ob­ser­va­tion, Audrey a mis en place rapi­de­ment plusieurs actions visant à :

Défi­nir une vision commune

L’objec­tif : établir avec l’en­semble de l’équipe une vision de ce que serait l’en­tre­prise dans 5 ans. La mise en place d’ate­lier de mind­map­ping et de créa­tion de raod­map ont fait ressor­tir les valeurs communes à l’équipe. Un très bon moyen pour créer un égré­gore et garder ses colla­bo­ra­teurs enga­gés.

Amélio­rer l’ef­fi­ca­cité

Afin de rendre plus effi­cace la produc­tion et les process, une des actions mises en place à été de stan­dar­di­ser l’en­semble des méthodes de travail sous forme de docu­men­ta­tion détaillée : expli­ca­tion des étapes de travail, des ressources, des bonnes pratiques, des nommages, ect.. Cette docu­men­ta­tion évolu­tive permet à la fois de garder une harmo­nie dans les process mais aussi de simpli­fier l’in­té­gra­tion de nouveaux colla­bo­ra­teurs à distance.

Former les équipes en continu

Une grille de compé­tence est fixée pour évalué les acquis de chaque membre. Ce prin­cipe permet à la fois pour les colla­bo­ra­teurs d’avoir des objec­tifs et à la fois pour Audrey d’iden­ti­fier les profils manquant à l’évo­lu­tion de l’en­tre­prise !

Desi­gner le monde d’après

Confé­rence du 9 juin par Patrick Maruejouls (co-fonda­teur de Haigo)

Incen­dies géants, fonte du perma­frost, pandé­mie… le monde part en caca­huète, et il semble presque impos­sible de le répa­rer à notre échelle. Et si nous desi­gnions loca­le­ment et dura­ble­ment le monde d’après ?

Les événe­ments majeurs de ces derniers mois nous on forcés à repen­ser nos modes de travails et inter­ac­tions. Le monde est en muta­tion et l’in­ter­ve­nant de cet confé­rence l’a bien compris.

Le monde est en crise, et diffé­rents acteurs le soulignent : demande crois­sante, pollu­tion, pénu­ries de matières premières, et d’autre fléaux sont en marche. Le discours est indé­nia­ble­ment anxio­gène, mais il faut impé­ra­ti­ve­ment alar­mer dans un premier temps pour commen­cer à réflé­chir et enfin agir sur nos modes de vies, et notam­ment nos métiers. Il n’ y a pas de solu­tion miracle, mais Patrick Maruejouls nous offre des alter­na­tives pour repen­ser le design de manière « durable ».

La plupart des direc­tions emmènent du côté de l’éco-concep­tion, nous en avons parlés dans un article précèdent, ou à s’in­té­res­ser (ou adhé­rer) à des mouve­ments comme B Corp. B Corp est à la fois une commu­nauté d’ac­teurs enga­gés, un outil de mesure d’im­pact gratuit et acces­sible à tous et un label certi­fiant les entre­prises respec­tant des normes sociales et envi­ron­ne­men­tales élevées.

La seconde piste est d’ac­cé­lé­rer nos proces­sus et de les simpli­fier pour résoudre au mieux le problème. La recherche utili­sa­teur est à privi­lé­gier pour répondre au plus près aux besoins des utili­sa­teurs, puis proto­type rapide, itéra­tions rapi­des… « Tout est là pour concré­ti­ser des solu­tions prag­ma­tiques aux problèmes qui nous entourent ».

Lumières sur les dark patterns

Confé­rence du 10 juin par Kers­tin Bongard-Blan­chy

Avec l’es­sor du numé­rique, on observe de plus en plus l’uti­li­sa­tion de Dark Pattern dans de nombreux sitesA-t-on vrai­ment besoin de ces méthodes peu honnêtes pour influen­cer les utili­sa­teurs ? Dans cette confé­rence, Kers­tin nous livre ses réflexions et nous propose des pistes pour aller à l’en­contre de ce phéno­mène.

Les Dark Pattern sont des tech­niques visant à mani­pu­ler les utili­sa­teurs et leur faire prendre des déci­sions allant contre leur inté­rêt. Elles vont par exemple permettre de récol­ter des infor­ma­tions person­nelles ou encore inci­ter l’uti­li­sa­teur à ache­ter, dépen­ser plus. Ces méthodes n’ont pas pour but de faire du mal inten­tion­nel­le­ment mais peuvent causer une forme de préju­dice aux utili­sa­teurs. Une étude a démon­tré que la plupart des utili­sa­teurs perçoivent les dark patterns mais ne sont pas conscient de leur influence néfaste sur leur compor­te­ment : ils les rendent beau­coup plus influençables et vulné­rables. On peut mettre en paral­lèle les méthodes du Dark Pattern à celle utili­sées dans le domaine du Marke­ting. Seule­ment, les tech­niques employées dans le marke­ting sont régu­lées et régle­men­tées. L’uti­li­sa­tion des dark pattern est (presque) deve­nue un stan­dard.

Voici une clas­si­fi­ca­tion des dark patterns :

  • Nagging : Il s’agit d’une stra­té­gie d’in­tru­sion répé­tée. Cela se traduit par une demande perma­nente envers l’uti­li­sa­teur sans rapport parti­cu­lier avec ce que celui-ci fait actuel­le­ment (Pop-in pour évaluer un produit, sugges­tion pour acti­ver les noti­fi­ca­tions…)
  • Obstruc­tion : Cela consiste à rendre une action plus diffi­cile qu’elle ne doit l’être dans le but de décou­ra­ger l’uti­li­sa­teur. On retrouve cette tech­nique pour les désins­crip­tions à des services par exemple.
  • Snea­king : L’objec­tif du snea­king est d’ame­ner l’uti­li­sa­teur à réali­ser une action en dissi­mu­lant des infor­ma­tions impor­tantes. Cette tech­nique est utili­sée pour augmen­ter le panier d’achat en ajou­tant des frais supplé­men­taires par exemple.
  • Inter­face inter­fe­rence : Une inter­fé­rence d’in­ter­face est une mani­pu­la­tion de l’in­ter­face utili­sa­teur qui favo­rise des actions spéci­fiques par rapport à d’autres. L’uti­li­sa­teur n’a donc pas force­ment vu sur toutes les actions possibles. Les cookies et CGU en sont le parfait exemple avec la mention « Refu­ser » très peu mise en avant.
  • Forced action : L’ac­tion forcée est une tech­nique dans laquelle les utili­sa­teurs sont obli­gés d’ef­fec­tuer une action parti­cu­lière pour accé­der à une fonc­tion­na­lité.

Comment peut-on lutter contre ses stra­té­gies ?

Kers­tin nous propose plusieurs pistes de réflexion :

  • Créer un guide de design éthique
  • Prépa­rer des argu­ments face aux client, collègues et autres colla­bo­ra­teurs. Les convaincre de ne pas utili­ser en les infor­mant des risques qu’ils encourt par rapport à certaines pratiques illé­gales. Les sensi­bi­li­ser sur l’im­por­tance de garder la confiance du côté des utili­sa­teur et du sens de l’éthique.
  • Mettre le sujet en avant dans les programmes et en parler de plus en plus à travers des projets, des études et ateliers.
  • Déve­lop­per des solu­tions tech­nique pour détec­ter et signa­ler l’usage abusif de ces méthodes (ex : dark­pat­terns­ti­pline).

Pour conclure, faut-il donc bannir les Dark pattern ?

Diabo­li­ser ses tech­niques n’est pas la solu­tion. Tout est une ques­tion de nuance. Il faut se poser les bonnes ques­tions avant de les employer, faire preuve d’hon­nê­teté sur ses inten­tions :

Est-ce vrai­ment perti­nent d’uti­li­ser cette méthode ?

Pourquoi j’adopte les stan­dards ?

Mon client veut atti­rer plus d’uti­li­sa­teur, comment rendre cet objec­tif réali­sable de manière éthique ?

Toute une réflexion et un équi­libre est à trou­ver entre des objec­tifs à atteindre et la pratique d’un design éthique.

Slow web, ou comment obte­nir la confiance de l’uti­li­sa­teur à l’ère de l’in­ti­mité compu­ta­tion­nelle

Keynote final du vendredi 11 juin par Tariq Krim

Petite surprise des UX days avec la Keynote de Tariq Krim. Tariq Krim est un entre­pre­neur, fonda­teur de Netvibes, service au succès mondial, il est désor­mais engagé dans le slow web.

Nous vivons désor­mais dans un monde d’écrans, et d’al­go­rithme. Où les données sont régu­lées, et où chaque déci­sions peut avoir un impact poli­tique. Quelles sont les nouvelles règles de confiance, et de respect de la vie privée ? Comment permettre à l’uti­li­sa­teur de garder un compor­te­ment authen­tique dans ce nouvel âge du web ?

Dans la conti­nuité de repen­ser « le monde d’après », Tariq Krim, conti­nue de nous sensi­bi­li­ser à notre impact et démarche que nous avons en tant que desi­gner.

Le slow web est un mouve­ment qui s’ins­crit dans le cadre d’un web éthique, dans la lutte contre les dérives de la surcon­som­ma­tion des services digi­taux. En bref le Slow Web c’est un web plus raisonné et trans­pa­rent.

Bien sur, il n’est pas facile de s’op­po­ser aux géants de l’in­dus­trie ou à ses clients. Mais il est impor­tant de commen­cer à se poser les bonnes ques­tions, et de commen­cer à être plus trans­pa­rent dans la concep­tion de nos inter­face. Votre utili­sa­teurs doit pouvoir être au courant faci­le­ment de ce qu’il se passe avec ses données, ou derrière chaque service.

Comme le grand retour du Bio, des commerces éthique, et de la reva­lo­ri­sa­tion. Nous devons appliquer ces mêmes modes de pensées dans nos travaux de concep­tions. Décrois­sance, renon­ce­ment, éman­ci­pa­tion, trans­pa­rence sont autant de termes sur lesquelles nous devons réflé­chir pour construire un web et un monde plus respon­sable.

Cette années encore, les UX days nous ont grati­fiés d’un beau panel de sujets variés, enri­chis­sants et en accord avec les enjeux d’aujourd’­hui et de demain. On a hâte de connaître le programme de l’an­née prochaine.