Fubiz Talks 2016 : les rendez-vous de la créativité
- Theo Gosselin : voyageur et photographe de l’instant
- X TU architects veut donner vie à votre immeuble
- Les lettres de noblesse deTyrsa
- L’Odyssée de Bruno Aveillan
- L’expérience inédite de Dimitri Chamblas
- Kanye Loves H5
- Romain Tardy, mapping et poésie
- We are from LA et la note d’intention
- Le parcours de Mathieu César
- Les femmes de Malika Favre
- Mathieu Lehanneur et la relation homme-nature
- On fait le bilan, calmement
Le rendez-vous était pris depuis 2 bons mois pour la première édition des Fubiz Talks, annoncé comme étant le rendez-vous de la créativité, et c’est avec une certaine impatience que nous attendions cet événement.
Jeudi 22 septembre 2016, nous étions donc à heure dite à l’Opéra Bastille pour une série de conférences dont nous connaissions à peine le contenu, faute de publication du programme malgré la promesse du “coming soon”, désespérément inchangée sur le site de l’event jusqu’au jour J.
À l’aveugle donc, nous avons assisté à 11 conférences autour de la création graphique, et le process créatif en général. Voici en détail ce que nous avons retenu :
Theo Gosselin : voyageur et photographe de l’instant
Théo Gosselin est un photographe de l’ère pre-instagram, il s’est mis à la photographie dans une démarche de rencontre, son objectif étant au départ de rencontrer IRL des personnes qu’il a rencontrées virtuellement.
Il voyage dans des conditions extrêmes (plusieurs mois à dormir dans une voiture avec ses amis ou sa petite-amie), et capture les instants de son voyage sur pellicule. Il a fait le choix de travailler en argentique : cela lui permet de voyager plus léger, sans ordinateur, et de mieux profiter de son voyage.
Ainsi, il ne découvre ses photos que lors du développement une fois rentré en France, ce qui lui permet de prolonger véritablement le voyage.
Elyzabeth River 3 – Théo Gosselin
Retrouvez son travail sur son blog : http://theo-gosselin.blogspot.fr/
X TU architects veut donner vie à votre immeuble
Anouk Legendre est venue nous parler de la réflexion sur l’architecture du futur qu’elle a menée conjointement avec Nicolas Desmazières, après la découverte d’une micro algue, l’Elysia Chlorotica, le premier animal connu à être capable de photosynthèse.
Cette découverte fut le point de départ de leur travail : ils ont ainsi imaginé des vitrages capables de capter l’énergie du soleil (des biofaçades), et ont conçu Xcity, un concept de ville où les infrastructures urbaines cultivent et dépolluent à la fois.
Fenêtres à chloroplastes – X TU Architects
Ce projet, à mesure de collaborations avec le CNRS et de prix gagnés a mûri, jusqu’à la concrétisation : en ce moment, le projet “in vivo” est en cours de construction dans le XIIIeme arrondissement. Leur démarche inspirée de La possibilité d’une ile de Michel Houellebecq est très ambitieux et tend à repenser la ville comme un organisme vivant.
Les lettres de noblesse deTyrsa
Le graphiste Tyrsa nous a raconté son parcours, et l’évolution de son travail sur les 15 dernières années, depuis ses débuts de graffeur immature sous le nom de satyr, jusqu’à son travail actuel avec de grandes marques comme Nike.
Depuis 15 ans, il travaille énormément à la main, ce qui lui a permis de s’éloigner de l’univers du graff, de rendre ses typos plus lisibles, ce n’est qu’une fois satisfait du travail au crayon qu’il utilise illustrator pour les redessiner. Pour se renouveler il privilégie les collaborations, et explore les matières et les couleurs.
Collaboration avec la Pâtisserie Liberté – TyrsaAprès plusieurs années à s’éloigner du graff, il s’en approche à nouveau avec un travail à la bombe pour Nike.
Nike Provoque le destin – Tyrsa
Retrouvez le travail de Tyrsa sur son site : www.tyrsa.fr
L’Odyssée de Bruno Aveillan
Réalisateur de la fameuse Odyssée de Cartier, Bruno Aveillan nous a raconté les différentes étapes du tournage, les difficultés à tourner avec une vraie panthère, imprévisible… Selon lui, ses projets pharaoniques avec Cartier sont à part, en termes de budget et de temps.
L’Odyssée de Cartier – Bruno Aveillan – Quad from QUAD productions on Vimeo.
Il a également collaboré avec Vuitton. A l’issue de cette collaboration, une malle Vuitton lui a été offerte par la marque, et il a décidé de la faire voyager absolument partout dans le monde avec lui, et la prendre en photo. Au total, en 3 ans, il a réalisé plus d’un million de photos de cette malle, qui sortie de son usage de luxe établit systématiquement le lien avec les populations locales.
L’expérience inédite de Dimitri Chamblas
Dimitri Chamblas est un danseur et chorégraphe, un de ceux qui cherchent à casser les codes du classique pour réinventer la danse et la mise en espace. Il pense le corps, le contact, et s’inspire de Pina Bausch dans sa démarche créative. Aujourd’hui la représentation de la danse est simpliste : la ballerine est une icône esthétique que l’on déplace dans la rue, la danse est réduite à la performance, la prouesse, au sport. Mais c’est pas que cela, la conscience du geste et l’écriture du corps c’est déjà la danse. Un même geste a différentes interprétations selon le contexte, c’est l’émotion que l’on y met et le lieu dans lequel on se trouve qui change tout.
Il a ensuite fait prendre conscience de son corps à l’assemblée à travers deux exercices à effectuer en couple : un premier exercice où chaque couple devait se mettre face à face et se regarder pendant 4 minutes, et un second où chaque couple devait se faire une accolade et fondre vers le sol très progressivement pendant 4 minutes.
Kanye Loves H5
L’équipe du studio de création H5 nous a parlé de sa collaboration improbable avec Kanye West.
Tout commence par un coup de téléphone de Kanye West, qui n’est pas pris au sérieux par les équipes d’H5, pensant à un canular. Après une relance de l’artiste, une rencontre à lieu : Kany West souhaite lancer une marque de vêtements street wear et souhaite qu’H5 travaille sur l’identité visuelle de sa marque, avec pour seul brief “I wanna save the world”.
Obsessionnel sur ses désirs, Kany West nourrit énormément l’équipe d’H5 avec des références visuelles, et très vite un langage commun se développe entre l’équipe et Kanye. Dans sa manière de créer Kanye ne cloisonne pas les différents posts créatifs, et cela permet d’avoir une vraie synergie. Ce bourreau de travail semble incontestablement être un DA hors pair.
Yeezy Boost 750 – H5 from H5 on Vimeo.
Romain Tardy, mapping et poésie
Romain Tardy nous a présenté son parcours et son travail actuel : d’abord VJ il s’est tourné vers l’art audiovisuel et plus spécifiquement le mapping. Sa démarche a été de ne pas présenter ses oeuvres comme uniquement visuelles, mais en capitalisant sur les 5 sens, afin de faire vivre une expérience inédite aux personnes confrontées à son travail. Ainsi, il a créé The Ark dans le jardin botanique d’Oaxaca au Mexique, rappelant l’importance du contexte : le préexistant conditionne la creation, il a alors construit une image dans l’espace pour faire une experience de l’image multisensorielle : habillage sonore, odeur, temperature.
THE ARK from ANTIVJ is a visual label on Vimeo.
We are from LA et la note d’intention
Les deux réalisateurs de We are from LA nous ont parlé du difficile travail sur la note d’intention, afin de convaincre un décisionnaire à leur confier la réalisation de leur film publicitaire ou de leur clip. Ils nous ont raconté leur expérience notamment sur le clip Happy de Pharell Williams, l’urgence avec laquelle ils ont du formaliser cette note (c’est d’ailleurs monnaie commune), et la difficulté à illustrer des futures images à l’aide d’images qui n’existent pas.
Selon eux, les projets ne se bonifient pas nécessairement avec le temps, et c’est la raison pour laquelle ils apprécient particulièrement travailler outre-Atlantique, où les projets se réalisent très vite (3 semaines à peine pour le clip de « Happy »).
Dans leur démarche créative, ils intègrent systématiquement une dimension intéractive à leurs réalisations, c’est même l’élément le plus important pour eux à l’image du clip de Cassius « The Missing » qu’ils ont réalisé il y a peu, une expérience intéractive à retrouver sur http://cassiusthemissing.com/.
Le parcours de Mathieu César
Le jeune photographe Mathieu César nous a raconté son parcours, de sa naissance à nos jours, et la manière dont il est devenu photographe. Souvent chanceux, tantôt culotté, Mathieu César fait preuve d’un bagout hors norme, et nous raconte son histoire, depuis sa caravane en Normandie, jusqu’au bureau de Jean-Charles de Castelbajac dont il ignorait qui il était. Photographe tour à tour des Daft Punks, de Milla Jovovic et de Buzz Aldrin, Mathieu César réalise ses rêves à travers la photographie, et met en scène sa passion pour les combinaisons d’Astronautes.
Daft Punk et Milla Jovovic – Mathieu César
Mathieu César termine sa conférence sur une citation de Jean Cocteau très à propos « Ce qu’on te reproche, cultive-le, c’est toi ».
Retrouvez le travail en noir et blanc et en Argentique de Mathieu César sur son site web : http://mathieucesar.com/
Les femmes de Malika Favre
Très jeune, Malika Favre est déjà fascinée par le corps de la femme, et sa sexualisation, pour preuve, elle nousexpose ses dessins d’adolescence déjà peuplés de femmes dans des positions suggestives ou faisant du lap dance. Lors de son passage chez R side, un studio de création très japonisant et coloré, elle continue de dessiner des femmes, et est contactée par Penguin Books pour faire la couverture du Kama Sutra. Elle nous parle des différents allers/retours avec l’éditeur, et nous présente la version finale :
La couverture du Kama Sutra – Malika Favre
Malika Favre nous a également présenté son travail d’illustratrice de manière plus globale, mettant toujours la femme au centre. Retrouvez son protfolio ici : http://malikafavre.com/
Mathieu Lehanneur et la relation homme-nature
Mathieu Lehanneur est un designer qui cherche constamment à rapprocher l’homme de la nature, un sujet encore trop mis de côté en matière de design. Il a ainsi travaillé sur les concepts d’abribus végétaux pour la ville de Paris; et sur le mobilier urbain en général, de manière à le rapprocher au maximum d’une apparence naturelle.
L’obtention d’un rendu naturel est le fruit d’un travail industriel très complexe, trouver une machine qui imite la nature n’est pas une chose aisée, ainsi, il est parfois nécessaire d’aller littéralement mouler la nature, afin de l’imiter parfaitement.
Un véritable rocher a été moulé pour ce concept store Audemars Piguer – Mathieu Lehanneur
Il nous a également parlé de son projet de fenêtre supplémentaire dans les chambres de malades en soin paliatif : un écran qui permet aux patients d’avoir une vision sur le temps qu’il fera le lendemain dans le lieu de leur choix, littéralement une fenêtre sur demain pour ces malades.
On fait le bilan, calmement
Une journée riche en enseignements, qui malgré tout manquait d’intéraction pour les participants : aucune conférence n’a été suivie de questions du public, ce qui a pu créer un sentiment de frustration. Au final, il y avait peu de discussions techniques, les conférences étaient axées sur le processus créatif, une démarche intéressante mais incomplète pour les nombreux graphistes et DA d’agence qui avaient fait le déplacement.
On espère que ces petits défauts seront corrigés l’année prochaine, car nous y serons, à coup sûr !
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